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le cabaret ou la scène de super-héros

Finalement, l’univers du music-hall représente un peu pour toi une sorte d’espace de toutes les libertés auxquelles chaque être humain aspire dans une vie...

 

J’ai un peu cette lubie que chacun devrait avoir son petit cabaret, comme un jardin secret, pour y faire son propre music-hall. Un espace dépourvu de codes dans lequel on peut se réaliser, s'augmenter. Pour mieux percevoir celle ou celui qu'on est. Faire le point sur ses pulsions. Désaliéner ce que le rationnel a pu nous faire refouler. Puis laisser les inhibitions exploser...

L’artifice peut nous pousser dans nos derniers retranchements. Comme si on faisait l’ascension d’une très haute montagne. Plus on monte, moins on peut tricher. Mais avec des petits pas, on se donne plus de chance d’y arriver. Comme dans ce recours à l’artifice, par lequel on superpose différentes couches, progressivement, et on réinvente un soi avec autant de couches nouvelles. On peut masquer tout ce qu’on ne veut pas montrer, et renaître sous d’autres traits.

Un peu comme un super-héros : un individu noyé dans la masse et le commun, qui se découvre un super pouvoir et se transforme, se masque, pour valider cette autre part de lui. C’est le fantasme de se prendre pour qui on veut, mais pour toujours mieux se trouver. Se laisser la place d'être autrement, de se transcender. Ou encore le fantasme de téléporter sa vie dans un endroit où on ne serait connu de personne, où on pourrait être différent, sans être jugé à l'aune d'une image établie. Tout ce que permet, en somme, le jeu d'acteur au théatre. Mais le music-hall a quelque chose de plus populaire et universel, de plus accessible et légitime. 

L’image de ce super-héros pose la question de ce qui est et de ce qui n’est pas. 

Je m’interroge sur l’ambivalence des masques sociaux et la façon de soupçonner l’envers de ces masques. Celle ou celui que nous nous forgeons — malgré nous — avec les couches de l’éthique, des conventions, de l’égo, du rationnel, des désirs construits, etc., il est indispensable d’en prendre conscience. 

Il faut donc créer de nouveaux masques, autant qu'il faudra, pour cerner, comprendre, et capter le masque dont nous n’avions pas conscience, et neutraliser celui qui nous aliénait. Rien que de songer qu’on pourrait faire telle ou telle chose grâce à un nouveau masque — un nouveau costume —, c’est épanouir une part de soi (insoupçonnée ou non). 

 

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